O olhar brasileiro sobre a chacina de Toulouse na análise de um jornal francês

O texto, em francês, de Amélie Perraud-Boulard e de Anne-Louise Sautreuil , publicado no lepetitjournal.com, traz um olhar francês de como a imprensa brasileira tratou a chacina de Toulouse, quando crianças judias foram assassinadas. Um dos pontos que chamaram a atenção das duas analistas é o fato do Brasil, um país onde não existem ações de terrorismo por motivações religiosas ou étnicas, ter dedicado muito espaço a cobertura de um fato que se registrou a mais de 10 mil Kms de distância. As analistas ficaram impressionadas com o volume de notícias sobre o tema ocorrido no Sul da França.

Le monde entier a vécu ces derniers jours au rythme de la traque de l’auteur présumé des assassinats de Toulouse et de Montauban. Au Brésil, sites internet, quotidiens, et journaux télévisés ont relayé minute par minute le fil des événements. Retour sur une semaine médiatique intense à 10.000 kilomètres de l’Hexagone

La traque de l’auteur présumé des tueries - qui ont coûté la vie à 7 personnes la semaine dernière à Toulouse et à Montauban - a tenu en haleine l’ensemble des rédactions brésiliennes ainsi que le public brésilien. Vendredi soir, sur Google News Brésil, près de 1.000 articles apparaissaient lorsque l'on tapait le mot clé : "Mohamed Merah", le nom de l’auteur présumé des assassinats. Le drame, amplement commenté par les médias locaux, contribue à façonner une autre image de la France et met en exergue de nouvelles problématiques. Ainsi O Globotitre sans détours: "Où va la France ?" Dans son dossier factuel, le quotidien de Rio de Janeiro, relate les événements français et publie un portrait de Mohammed Merah intitulé: "Français, Musulman et sans remords." D’autres publications passent au crible les faiblesses françaises : "La capacité des services de surveillance remise en cause" titre par exemple le magazine Veja sur son site internet. La même source avait déjà fait état des failles françaises en publiant un article intitulé: "La France se défend d’avoir échoué à contrôler Merah."

"Le djihad rencontre Tom Cruise"
Vu du Brésil, un pays épargné par le terrorisme islamiste, l’enchaînement meurtrier du sud de la France, ainsi que les mobiles avancés par l’accusé, intriguent et inquiètent. Sur leurs blogs, journalistes et éditorialistes n’ont pas manqué de commenter le drame. Christina Stephano de Queiroz se lance dans un parallèle hasardeux entre le film de Mathieu Kassovitz "La Haine" et la "tension raciale" au coeur de l’actualité depuis le drame de Toulouse. La journaliste évoque le film qui met en scène l’errance de trois jeunes de banlieue (un Noir, un Juif et un Arabe) après une intervention policière ayant blessé un des leurs. Les trois acolytes, la rage au ventre, envisagent une vengeance contre les policiers. "Ce film peut résumer les craintes (de tensions communautaires) exprimées par Nicolas Sarkozy après la révélation de l’information selon laquelle l’accusé était un Français d’origine algérienne."

Dans un autre blog rattaché au site de Folha de São Paulo, Sergio Malbergier, poste un article libellé : "Le djihad rencontre Tom Cruise (dans une rue près de chez vous)." La référence au cinéma hollywoodien met l’accent sur le côté spectaculaire de l’action du Raid français et des 32 heures de siège à l’issue desquelles le meurtrier a bondi par la fenêtre le doigt sur la gâchette. Le même éditorialiste traite d’un autre aspect des meurtres et évoque "un événement multimédia" : "Pour compléter l’événement multimédia, viral, Merah a filmé ses assassinats et a affirmé avoir enregistré un message sur une vidéo."

Comme la presse française, la presse brésilienne s’émeut de la menace de "cette nouvelle génération de terroristes" capables de semer la terreur en solitaire. "Les terroristes sont parmi nous", "Le terroriste dormait à côté"... sont autant de titres anxiogènes, qui se sont multipliés sur les blogs des journalistes. Les médias craignent l’émergence d’autres Mohammed Merah. O Globo relate à ce sujet les propos du Premier ministre François Fillon selon lequel des centaines d’autres jeunes français ont voyagé, comme Mohammed Merah, en Afghanistan et au Pakistan, pays où ils peuvent avoir été endoctrinés. Avec l’affaire Merah, ce sont les banlieues françaises, les jeunes délinquants, la montée des communautarismes et l’Islam radical qui se sont invités dans les gros titres de la presse nationale.

"Un revirement dans la campagne"
Si les Etats-Unis se sont rapidement intéressés aux conséquences politiques de ce fait divers sur la campagne électorale française, les Brésiliens ont attendu le dénouement de l’affaire pour rebondir sur cet aspect politique. Dans son édition du 23 mars, O Estado de São Paulo note que le cas Merah "est entré de plein fouet dans la campagne." Comme Folha de São Paulo, le même jour, le quotidien relaie la polémique qui agite déjà l’hexagone depuis plusieurs jours: "La tuerie de Toulouse aurait-elle pu être évitée ?"

Les journaux se passionnent notamment pour les passes d’armes entre les présidentiables. Les mêmes quotidiens mettent notamment en avant les propos de l’ancienne juge d’instruction Eva Joly qui estime que le tueur aurait "pu être arrêté avant les massacres." "Ce n’est pas un problème de texte mais d’efficacité" explique-t-elle, mettant en doute l'utilité d'une réforme du Code Pénal souhaitée par Nicolas Sarkozy, qui accentuerait la surveillance des personnes consultant des sites faisant l'apologie de la violence ou du terrorisme. En contrepoint, les articles citent François Fillon, interrogé par RTL, qui assure qu'il n'y avait "aucun élément permettant d'appréhender plus tôt Mohamed Merah".

O Estado de São Paulo pousse l' analyse et estime qu'il ne serait pas impossible que les événements récents servent la campagne du candidat Sarkozy. " Cela pourrait créer un revirement dans la campagne et favoriser le président Nicolas Sarkozy et aussi la candidate d’extrême droite Marine Le Pen." Le quotidien relaie également un récent sondage CSA donnant, pour la première fois, le président sortant en tête du premier tour. "Ses discours et ses interventions réalisés au cours des derniers jours, largement couverts par les médias, l’ont amené à avoir une plus grande visibilité et assumer le caractère solennel de la fonction présidentielle face au traumatisme vécu par le pays." L’auteur de l’article relève également que le fait divers pourrait servir la candidature de Marine Le Pen"connue pour ses discours contre l’Islam et l’immigration."